A peine a-t-on fini de se souhaiter la bonne année (en théorie, on a jusqu’au 31 janvier) que s’ouvre une nouvelle saison de vœux. Jusqu’au 13 mars, des centaines de milliers de futur.es bachelier.es vont devoir en formuler 10 pour espérer décrocher des formations “sélectives” ou “non sélectives” sur Parcours Sup. Avec souvent la pression des parents et de la société (sans parler de la plus grande pression: la leur). L’enjeu? Trouver l’orientation qui leur convient le mieux, avec le sentiment (erroné mais légitime) qu’on engage sa vie. A 18 ans, il est souvent trop tôt (à moins d’avoir la chance d’avoir une vocation ou une passion) pour savoir ce que l’on a envie de faire quand on sera grand.e. Et, on ne le répètera jamais assez, on a le droit de tâtonner.
Mais ont-ils, ont-elles, toutes les cartes en main ? Et notamment les bonnes cartes pour essayer de se projeter dans un avenir trouble, en adaptant au mieux leurs envies aux enjeux de la planète ? Rappelons que 77% des 25-30 ans sont éco-anxieux.
D’après le Secrétariat Général à la Planification Écologique (SGPE), plus de 8 millions d’emplois sont concernés par la transformation écologique, qui devrait être à l’origine d’au moins 200 000 à 550 000 créations nettes d’emplois d’ici 2030. Des emplois verts et verdissants. De nombreux métiers du bâtiment, des transports, de l’agriculture et de l’industrie doivent évoluer en intégrant la transition écologique. Et bien sûr, de nouveaux métiers vont émerger et de nouvelles compétences vont se dessiner dans les prochaines années.
Selon un sondage Louis Harris pour un réveil écologique, publié en octobre 2023 plus de 8 sur 10 jeunes de 18 -30 ans veulent avoir un métier utile pour la société et la planète et 7 sur 10 assurent être prêt.es à renoncer à postuler dans des entreprises qui ne prennent pas assez en compte les enjeux environnementaux. Pourtant, la rémunération reste, comme le montre une étude de l’INJEP, le premier critère pour choisir un travail chez les 15-30 ans.
Les métiers manuels, notamment, sont essentiels à la transition écologique. Mais qui a vraiment envie de les embrasser pour l’instant, à part certain.es diplômé.es d’AgroParis Tech et d’autres grandes écoles aux discours de bifurcation inspirante) ? Pour avoir envie, il faut non seulement avoir l’information (est-ce que les conseiller.es d’orientation l’ont et la partagent dès le collège ?) mais aussi que ces métiers soient valorisés, mieux rémunérés et moins pénibles.
Quand on interroge Chat GPT sur les plus beaux métiers, voici le palmarès retenu par l’IA: médecin, artiste, chef.fe-cuisinier.e, ingénieur.e, professeur.e, écrivain.e, et journaliste. De beaux métiers en effet (à condition d’intégrer la transformation écologique). Mais quid de : ingénieur.e chargé.e de projet biodiversité, éco animateur.trice ou encore technicien.ne rivière ?
Dans une tribune publiée par le Monde en novembre 2022, Delphine Riccio, psychologue de l’Education Nationale, s’inquiétait que “les choix d’orientation des jeunes se construisent à partir d’imaginaires obsolètes”, soulignant que d’après l’étude PISA 2020, “la moitié des jeunes Européens de 15 ans se projettent sur 10 métiers seulement. Les professions de médecin, d’avocat, de vétérinaire, de chef d’entreprise, d’ingénieur, d’enseignant ou de gendarme continuent de nourrir les rêves des jeunes, comme ils le faisaient il y a vingt ans. Trop d’adolescents semblent ignorer les nouveaux types de métier qui se créent ou sont à créer.”
Il est plus que jamais essentiel d’aller vers les jeunes pour élargir leur champ des possibles en leur faisant découvrir des formations adaptées à leurs enjeux personnels et à ceux de la planète ainsi que des métiers restés sous leurs radars, grâce à des écoles comme ÊTRE et La Solive ou les Compagnons du Devoir, mais aussi l’association Pour un réveil écologique, Les Pépites Vertes et bien sûr transonore.
Comme le rappelait récemment Féris Barkat, cofondateur de Banlieues Climat, qui a ouvert la première école populaire du climat à Saint-Ouen: “Demain, la société va se structurer autour de la question climatique : ceux qui ont le savoir et ceux qui ne l’ont pas”. Le choix d’une formation pour se préparer à un emploi d’avenir fait partie de l’équation.