C’est aussi la rentrée des classes pour transonore ! De nouveaux projets vont bientôt nous amener à retourner dans les collèges et à croiser des supers profs. On a eu envie de fêter ça en vous faisant découvrir des enseignant.es engagé.es. Aujourd’hui, nous poussons la porte jaune de la salle 204 du collège Georges Brassens, dans le 19e arrondissement de Paris. C’est ici, à deux pas du parc des Buttes Chaumont, que, depuis 2015, Michael Combier enseigne l’anglais… Et pas que. 

La façon d’enseigner de Michael Combier est à l’image de son enfance, passée entre le 19e arrondissement parisien, où il a grandi, et les gratte-ciels de Manhattan, où il partait chaque été avec sa mère américaine. A la fois ancrée dans le quartier dans lequel il exerce son métier depuis neuf ans et ouverte sur le monde. “ J’ai grandi à Colonel Fabien et à Jaurès. Je suis un petit gars du 19e, c’est un arrondissement auquel je suis très attaché”, souligne ce professeur d’anglais âgé de 39 ans. Lorsque j’ai été nommé au collège Georges Brassens, j’ai très vite eu envie de nouer des liens avec des associations du quartier pour monter des projets. C’est peut-être mon côté américain: je fonctionne au projet, j’aime avoir une finalité, pour donner du sens”. Apprendre en faisant: une philosophie qui fait évidemment écho chez transonore. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Michael Combier a su mettre à profit l’approche actionnelle de l’apprentissage des langues étrangères.  

Dans sa salle de classe, le plan du métro de New York et une affiche du film West Side Story côtoient Black is beautiful, des stickers de festival de street-art et des unes de Time magazine sur lesquelles on peut lire “Climate is everything” ou voir le visage de l’égérie de la lutte contre le réchauffement climatique, Greta Thunberg. Michael Combier ne se contente pas d’être un prof d’anglais qui veut donner le goût de sa langue maternelle autant que faire découvrir la culture d’outre-atlantique à ses élèves. Son ambition est de les aider à devenir des citoyens et des citoyennes éclairé.es en les sensibilisant aussi à l’écologie et à la solidarité. “En 2019, quand les grèves scolaires pour le climat se multipliaient, je voyais des élèves de 6e vouloir faire grève, comme Greta Thunberg ! Je me suis dit qu’il fallait accompagner ce mouvement. J’ai commencé par lancer un club écologique, puis on a créé la B.E.E”. La BEE, c’est la Brigade Écologique et Environnementale du collège. Un acronyme que les élèves prononcent “Bii”, en référence à l’abeille en anglais. 

Collecte de dizaines de boîtes pleines de choses utiles pour les plus démuni•es à Noël, vide-greniers, ventes de plantes et ateliers Do It Yourself à l’occasion de salons solidaires dans la cour du collège, voyage en Auvergne, visites de différentes structures de sensibilisation au développement durable, découverte des métiers de la transition, réalisation d’une carte du quartier pour présenter les lieux de la transition écologique et sociale  : les élèves coaché•es par M. Combier ne manquent pas d’idées. “Mais il faut aller encore plus loin, s’enthousiasme leur professeur. Réunir une trentaine d’élèves autour de projets écologiques et solidaires, c’est bien. Mais quand on sait que le collège compte quelque 550 élèves, on doit tout faire pour toucher les autres.” D’où l’idée de la semaine de l’environnement, organisée  par la BEE à la fin du mois de mai dernier, en partenariat avec l’Académie du Climat. Des ateliers de surcyclage avec l’association La Débrouille et Compagnie pour transformer des briques de lait en porte-monnaies, des ateliers de jardinage avec Pépins Production, une sortie pour observer les oiseaux dans le Parc des Buttes-Chaumont avec la LPO, la découverte des métiers de demain avec Pour un Réveil Écologique, un spectacle avec La Générale de Théâtre sur le dérèglement climatique, et des micro-trottoirs pour garder une trace sonore de cette semaine avec transonore: chaque élève a bénéficié d’un atelier. 

“Les élèves disent souvent que le collège ressemble à une prison. L’école ne doit pas être une prison ! C’est pour ça que je cherche à les mettre en lien avec des associations du quartier. ” Think global, act local: telle est la devise de Michael Combier qui a d’ailleurs entraîné ses élèves dans le programme Global Scholars proposé par Bloomberg Philantropies: “C’était l’occasion de rencontrer, en visio, des jeunes du monde entier et aussi de monter un projet local autour de la nature en ville, la nourriture, l’accès à l’eau. C’est comme ça que j’ai commencé à contacter des assos du 19e.”

Michael Combier ne compte pas s’arrêter là : “L’an prochain, j’aimerais créer des liens avec d’autres collèges du 19e comme les collèges Rouault et Georges Méliès pour étendre la semaine de l’environnement à tout l’arrondissement.”
Quand on lui demande ce qu’il aime tant dans le 19e arrondissement, il répond sans hésiter: “Sa mixité. C’est intéressant de voir ce quartier changer tout en gardant son identité. Sa multi identité avec des dizaines de nationalités. Comme par exemple la cohabitation entre juifs et musulmans, rue Petit, à côté du collège.” Pour Michael Combier, l’école publique doit rester le fer de lance du vivre ensemble, de la mixité, même s’il s’agit d’une simple co-présence. 

Le quotidien n’est pas toujours facile dans cet arrondissement populaire. Les inégalités se creusent. “Il y a celles et ceux qui partent en vacances, qui vont au musée, et puis il y a les autres, qui restent dans le quartier. Les week-ends prolongés de 5 jours, c’est sympa mais pas pour tout le monde”, soupire l’enseignant. 

C’est aussi pour pallier ces inégalités qu’il a récemment postulé pour devenir professeur relais à la Villette. “Pour inciter les collègues des autres établissements à profiter des ressources culturelles proposées par tous les partenaires culturels parisiens conventionnés.” 

Michael Combier reconnaît avoir la chance d’être soutenu par sa direction, qui lui fait confiance. Il applaudit également le dispositif pass culture, qui permet aux enseignant.es de monter des projets de façon beaucoup plus autonome. Ne vous étonnez pas s’il vous envoie un mail à 22H30. “Pour moi, le métier ne s’arrête pas quand tu quittes le collège. Les cours, c’est un prolongement de tout ce que tu fais en dehors, notamment chez toi. De tout ce que tu mets en place en amont. Les gens n’en sont pas forcément conscients.”  

 *Le 19e arrondissement est le quartier juif le plus important d’Europe.

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