Du 16 au 24 novembre 2024, la Semaine Européenne de la Réduction des Déchets (SERD) nous rappelle les défis environnementaux que nous avons encore trop souvent tendance à oublier dans un quotidien rythmé par la consommation. Si ce rendez-vous annuel ne fait pas encore la une, il pose pourtant une question fondamentale : comment pouvons-nous, en tant qu’individus et société, inverser cette dynamique du « tout-jetable » qui fait peser une lourde menace sur notre planète ?
Chaque année en France, c’est plus de 94 millions de tonnes de déchets non minéraux qui finissent dans nos décharges et incinérateurs. Emballages à usage unique, électroménager cassé mis au rebut faute de solutions de réparation abordables, gaspillage alimentaire… Notre société de consommation s’est longtemps construite sans se soucier de la fin de vie de ces objets qui, après un passage express dans nos foyers, finissent par polluer nos sols, nos rivières et nos océans.
L’édition 2024 de la SERD cible deux enjeux cruciaux : manger mieux, gaspiller moins. Chaque année, en Europe, ce sont 58,4 millions de tonnes de nourriture qui sont jetées, souvent parfaitement consommables. Le gaspillage n’est pas seulement une question éthique, il est aussi une catastrophe environnementale : produire cette nourriture mobilise des ressources : eau, énergie, terres arables . Quant aux emballages, souvent utilisés pendant quelques minutes à peine, ils persistent dans la nature pendant des siècles. On estime ainsi que 80 % des déchets retrouvés en mer sont des plastiques.
Cette semaine, des initiatives en tous genres s’organisent aux quatre coins de l’Europe, à commencer par les territoires où agit transonore en Seine-Saint-Denis et en particulier dans les communes d’Est Ensemble: ateliers de compostage, village zéro déchet, ateliers « manger mieux, gaspiller moins », cuisine collective pour des économies et moins de gaspi. Mais la SERD ne devrait pas être simplement une « semaine pour se donner bonne conscience ». Le vrai défi est d’intégrer ces réflexes au quotidien. Réduire les déchets, c’est se poser des questions concrètes : ai-je vraiment besoin de ce nouvel objet ? Puis-je le réparer ? Mon prochain achat peut-il être de seconde main ? Des solutions existent, et elles demandent un peu de volonté.
Pour ceux qui pensent que leurs petits gestes individuels ne changeront pas la donne, rappelons que les grandes transformations se nourrissent de milliers de décisions personnelles. Refuser un sac plastique, opter pour des produits en vrac, privilégier des circuits courts ou encore pratiquer le troc : autant de solutions qui peuvent, en s’amplifiant, engendrer une prise de conscience collective et transformer notre société.
La Semaine Européenne de la Réduction des Déchets n’est pas qu’une énième campagne de sensibilisation. Elle est un appel à la responsabilité, une invitation à agir, à ne plus être de simples témoins du déclin écologique. Pour que ce mouvement devienne durable, pour que ces gestes prennent racine et se multiplient, il est temps que chacun.e de nous accepte de regarder au-delà de sa poubelle. Mais cet effort ne peut reposer uniquement sur les épaules des citoyen.nes. Les politiques et les grandes entreprises ont également leur rôle à jouer. Des efforts notables ont été faits, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire en est un pilier, mais ce n’est pas suffisant. Le défi peut sembler écrasant, mais on n’a pas le choix: la solution commence ici, maintenant, avec chacun.e d’entre nous.
Aude Labelle