Depuis plusieurs années, la ville de Paris identifie des quartiers prioritaires pour la protection des oiseaux. Malgré des difficultés à embarquer la population, ce modèle va prochainement être appliqué à d’autres espèces comme les hérissons ou les chauves-souris.

Vivez-vous dans un quartier à moineaux ? Dans son nouveau plan pour protéger la biodiversité, la ville de Paris a cartographié les endroits où ces oiseaux sont encore présents. Malheureusement, il y en a de moins en moins. 

Depuis le début des décomptes, en 2003, on estime que les populations de moineaux ont baissé d’environ 85 % dans la capitale ! Alors pour éviter leur disparition totale, la municipalité tente d’agir depuis 2020 en distribuant des nichoirs. Près de 1000 habitats ont ainsi été répartis dans Paris… sans beaucoup de résultats. 

Poser des nichoirs ne suffit pas

“Poser des nichoirs ne suffit pas, il faut pouvoir les installer pour des colonies existantes et avec des conditions bien précises”, détaille Philippe Maintigneux, membre de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), mandatée par la mairie de Paris pour trouver des solutions.

A Paris, les populations de moineaux ont chuté de 85 % depuis 2023.

Si l’oiseau emblématique se porte mal en ville, c’est parce qu’il manque à la fois d’habitats et de nourriture. L’utilisation de pesticides a notamment réduit drastiquement les quantités d’insectes et de graines disponibles. Après avoir banni l’utilisation de produits phytosanitaires des espaces verts et alors que les friches appréciées par les oiseaux disparaissent, les municipalités misent donc désormais sur l’installation de nichoirs.

Mais il faut les installer à des endroits bien précis, selon Philippe Maintigneux. “Pour être efficace, un nichoir doit déjà être installé proche d’une colonie de moineaux existante.” Il faut aussi que ce soit dans un bâtiment pas trop haut, entre 1 et 3 étages, bien orienté, avec de la végétation autour (des arbustes) et de la nourriture à disposition (des plantes qui fournissent graines et attirent les insectes). “En vérité, peu d’endroits répondent à tous les critères d’efficacité pour installer des nichoirs.”

Plus apprécié que le pigeon, le moineau a été choisi pour sa célébrité

Pour ne pas s’éparpiller, la LPO et la mairie de Paris ont ainsi délimité des “quartiers moineaux” où la population est invitée à prendre part à des actions de préservation.

À l’automne 2023, des réunions publiques, des promenades exploratoires ainsi que des programmes de sciences participatives ont été initiés pour permettre de sensibiliser et de former les habitant.es et commerçant.es des quartiers concernés. “On s’est focalisé sur le moineau parce qu’il est bien accepté de la population. Il est mieux aimé que les pigeons et plus connu que les mésanges”, explique Philippe Maintigneux.

Des nichoirs à moineaux posés dans le 18e arrondissement de Paris. ©LPO

Malgré cela, les acteurs publics n’ont pas réussi à susciter un réel engouement des Parisien.es et il s’est révélé difficile d’installer des nichoirs aux bons endroits chez les particuliers. Avec la nouvelle stratégie biodiversité de la ville de Paris, dévoilée au printemps, l’objectif est maintenant de s’appuyer sur les bâtiments et acteurs publics.

“On conseille la ville pour trouver des endroits adéquats et fabriquer des nids sur mesures, sous des kiosques ou le long d’un square par exemple”, détaille Philippe Maintigneux. En moyenne, chaque arrondissement porte un quartier moineau et au lieu d’installer des nichoirs, les habitants.es sont plutôt appelés à semer des plantes dont les fruits contiennent des graines source de nourriture des moineaux, comme le tournesol ou le coquelicot, et à participer aux observations de l’oiseau sur la page dédiée de la LPO.

À vos jumelles !

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