Un billet en forme d’invitation cette semaine. Une invitation à dégainer le sécateur, à faire frétiller le vers de terre et swinguer la binette, à l’occasion des 48h de l’agriculture urbaine. Du 24 au 26 mai, cette manifestation, organisée pour la 9e année consécutive par l’AFAUP, entend faire de l’agriculture urbaine “un levier incontournable pour rendre les villes durables, fertiles et apaisées”.
Si vous êtes convaincu.e qu’il faut lutter contre la fracture alimentaire en favorisant une nourriture saine et locale, si vous voulez montrer à vos enfants que les tomates ne poussent pas dans des boîtes de conserve ou si vous avez simplement envie d’acheter des pots de basilic bio pour vos salades, sautez dans le bus ou enfourchez votre vélo. Un peu partout en France, des fermes verticales, des maraîchers et des maraîchères citadin.es, des bergères urbaines, des apiculteurs et des apicultrices de bitume, vous ouvrent leurs portes. L’occasion de découvrir des endroits incroyables où des personnes engagées remettent la nature en ville, contribuent à créer des boucles alimentaires vertueuses et favorisent une alimentation durable. Des lieux qui mêlent culture et agriculture, où le partage prospère autant que la biodiversité et où les liens humains poussent aussi vite que les radis.
Tout le monde n’a pas la chance d’avoir un jardin en ville, ni même un balcon. Raison de plus pour se mettre à bénévoler dans une ferme sur un toit ou adhérer au jardin partagé du coin de la rue. Quand on sait qu’il faut 50 m2 de maraîchage pour nourrir une personne (source: APUR), on comprend qu’on est loin de l’autosuffisance dans les communes de la région parisienne. Mais pourquoi ne pas commencer par jardiner 2 heures par semaine, comme le préconise l’association la Sauge, ne serait-ce que pour les bienfaits thérapeutiques. Mettre un semis en terre, étaler du broyat, pailler, bouturer, tailler, récolter ce qu’on a semé au fil des saisons, ça fait prendre l’air, ça vide la tête et ça procure une (bonne) fatigue physique et un sentiment d’apaisement.
transonore a particulièrement envie de mettre en lumière la fertilité de la Seine-Saint-Denis car ce n’est pas forcément la première image qui vient quand on évoque ce département francilien. Ancien grenier de Paris, le 93 est l’un des départements les plus peuplés et les plus urbanisés de France (90 % de terres artificialisées et seulement 2,4 % de surface agricole utile, pour 1,6 million d’habitants). C’est aussi l’un des plus pauvres (27% de taux de pauvreté, 2 fois supérieur à la moyenne nationale). La crise sanitaire du COVID a renforcé les inégalités sociales et environnementales et a mis en évidence les difficultés pour les personnes les plus précaires de satisfaire leurs besoins essentiels, notamment en nourriture. En février 2022, le département a lancé un Plan Alimentaire Territorial pour réduire la fracture alimentaire, favoriser l’accès à une alimentation saine et locale et contribuer à accélérer la transition écologique et sociale. Et l’on assiste depuis plusieurs années à une multiplication d’initiatives d’agriculture urbaine que l’on ne peut que vous encourager à découvrir. Voici quelques-uns de nos (nombreux) coups de cœur de de ces 48h de l’agriculture urbaine: les ateliers de cuisine, de cueillette et de pratique artistique du Parti Poétique (qui fête ses 20 ans cette année) à Zone Sensible à Saint-Denis, la fête de la rose au jardin-école de Montreuil, la forêt comestible de l’association Engrainage au parc du Glacis, les incroyables plants d’herbes aromatiques de la Prairie du Canal à Bobigny ou encore les ateliers pétanque et bouquets locaux et de saison de Fleurs d’Halage à l’Île Saint-Denis.
Et puis, qui sait. Peut-être cette invitation à cultiver votre jardin vous donnera-t-elle envie d’ouvrir le champ des possibles et de découvrir les formations du lycée agro-écologique Saltus à Sevran ou du lycée des métiers de l’horticulture et du paysage à Montreuil ? Participer à ces 48 heures, c’est aussi l’occasion de découvrir des métiers engagés, de soutenir les paysan.nes et de défendre l’accès aux terres agricoles.