L’année scolaire démarre et avec elle, la promesse enthousiasmante de mener de nouveaux projets radio transonore dans des écoles et des collèges de Seine-Saint-Denis. Avec elle le défi stimulant de créer des liens de confiance avec les élèves. Avec elle le plaisir de retrouver ou de découvrir des enseignant.es. 

Des enseignant.es investi.es et motivé.es, qui tâtonnent, tentent, expérimentent, à la recherche de nouveaux projets et de nouvelles méthodes, pour intéresser, éveiller, aiguiser la curiosité citoyenne des élèves. 

Des enseignant.es qui ne comptent pas leurs heures. Car ces projets ne se montent pas tous seuls. Cette année encore, il nous arrivera de recevoir un SMS à 22h, de prendre un café un samedi après-midi ou de faire une visio pendant les vacances avec un.e prof, pour préparer un atelier ou pour essayer de trouver un stage de 3e pour un élève qui n’a pas de réseau familial. Ces heures sups, invisibles, ne sont pas rémunérées.

Des enseignant.es qui contribuent, à leur niveau, avec leurs moyens, à lutter contre les inégalités scolaires, sociales et forcément territoriales, dans le département le plus jeune et le plus pauvre de France métropolitaine. Des enseignant.es qui, alors que les collèges publics du 93 ont l’indice de position sociale (IPS) le plus faible de France métropolitaine, ont de l’ambition pour leurs élèves, celle de les ouvrir au monde et d’élargir leur champ des possibles, de repousser les frontières, physiques ou symboliques. 

Des enseignant.es qui, chaque jour, se bagarre avec le quotidien de l’éducation nationale. Qui doivent se débrouiller avec le manque de moyens, des dotations horaires globales en baisse, des postes non-pourvus, des remplacements de congés maladie ou maternité pas assurés, des médecins, des psychologues et des infirmier.es scolaires qui se raréfient, des accompagnant·es d’élèves en situation de handicap en nombre insuffisant. Il faut continuer de le marteler: un élève du “9-3” perd plus d’un an d’enseignement au cours de sa scolarité et bénéficie de seulement 6.200 € d’investissement de l’État par an, contre 8.800 € en moyenne nationale. Quand on fait sa scolarité en Seine-Saint-Denis, on part avec moins de chances qu’ailleurs. 

Des enseignant.es qui ont quand même des raisons de se réjouir de travailler en Seine-Saint-Denis. Le Conseil départemental fait sa part et même au-delà en matière d’éducation. Ainsi, le Plan Départemental Pédagogique permet de financer des dizaines de projets qui encouragent la créativité, l’activité physique, la justice sociale, l’écologie ou encore l’éducation aux médias (notamment portés par transonore). 

L’an dernier, 10 collèges publics ont également été choisis (30 devraient les rejoindre dans les deux ans) pour le « plan d’attractivité et de mixité sociale et scolaire” : création de filières d’excellence (section internationale, classes de musique ou de sport à horaires aménagés), financements spécifiques pour y mener plus de projets pédagogiques et y prioriser les travaux, afin de rendre ces établissements plus désirables et d’éviter la fuite vers le privé après le CM2.

En 2024, les élu.es du 93 et une vingtaine de communes ont appelé à un “choc d’égalité” en réaction au “Choc des savoirs” voulu par Gabriel Attal alors ministre de l’Education, tandis que les profs s’engagaient dans plusieurs semaines de mobilisation et de grèves. 

transonore a voulu publier une série d’articles pour mettre un coup de projecteur sur les profs que l’on côtoie le temps d’un projet radio. Enseignant.e est “un métier sérieux” pour reprendre le titre du film de Thomas Lilti. Il serait temps que leur reconnaissance soit à la hauteur.

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