1 000 mares à restaurer ou à créer, c’est le nouvel objectif que s’est fixé la région Ile-de-France. Captation du carbone, développement de la biodiversité, îlot de fraîcheur… Les mares cochent de nombreuses cases pour la protection de l’environnement. Illustration en Essonne, où l’on prévoit d’engager les travaux.

Une salamandre. C’est ce que rêve d’accueillir Adeline Lefranc sur son terrain avec la création de mares. L’ancienne professeure des écoles s’est récemment installée à Bruyère le Chatel, en Essonne, pour créer une pépinière d’arbres locaux. “Le terrain, dont une partie appartient à la mairie, est régulièrement inondé. L’idée est donc venue de créer des mares pour mieux prévoir l’écoulement de l’eau et préserver la biodiversité.” Après avoir sollicité les experts locaux, Adeline a notamment appris que la salamandre tachetée, présente en Ile-de-France est rare en Essonne.

“Il y a un énorme enjeu !”, confirme Victor Dupuy, écologue pour la Société nationale de protection de la nature. “Une mare peut être particulièrement intéressante pour la biodiversité. Sur une petite surface, on peut accueillir et favoriser un grand nombre d’espèces, aussi bien en garantissant un habitat que pour permettre à des animaux et plantes du paysage de venir s’abreuver.” Ces points d’eau sont également une façon de mieux retenir l’eau, pour éviter les sécheresses, les inondations ou encore s’adapter aux fortes températures. 

Au moins 30 000 mares à entretenir et renouveler en Île-de-France

Malgré ces super pouvoirs, on estime que la moitié des mares et une grande partie des zones humides a disparu en France depuis 1950. L’étalement urbain, l’intensification agricole ou le contrôle des cours d’eau ont largement contribué à les rayer de la carte. Contrairement aux forêts, les points d’eau ainsi formés disparaissent naturellement si rien n’est fait. En Île-de-France, près la moitié des mares pourraient nécessiter ainsi des travaux de restauration.

Pour accélérer le rythme, la région Ile-de-France propose depuis avril 2024 une subvention allant jusqu’à 5 000 euros pour protéger ou créer des points d’eau. Objectif : protéger à termes plus de 1 000 mares. “Il y a un gros enjeu. Les citoyens doivent s’emparer de ce sujet, pour aller voir les élus et proposer de restaurer les mares à côté de chez soi”, espère Victor Dupuy. 

Creuser un trou pour laisser la biodiversité s’installer

C’est en partie ce qu’il a fait en accompagnant Adeline Lefranc dans son projet. Le chantier, prévu à l’automne pour ne pas gêner les oiseaux, vise à creuser trois mares avec des profondeurs et des caractéristiques différentes, afin d’accueillir le plus de biodiversité possible. “Si nous sommes parfois obligés de mettre des bâches en caoutchouc pour retenir l’eau, on va cette fois-ci se reposer sur la couche argileuse du sol”, indique Victor Dupuy. Le projet vise simplement à creuser des trous de profondeurs variables et laisser naturellement l’eau les remplir pour permettre aux différentes espèces d’amphibiens, d’insectes, de plantes d’en profiter. Si certains risquent de s’assécher en été, ce n’est pas un problème. Au contraire, une diversité d’organismes importante recherche cela, et permet, par aération, à la vase de se décomposer. 

Les mares comme outils de sensibilisation 

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, près d’un quart du territoire francilien est aujourd’hui boisé. La priorité pour les écologues est donc plutôt de rétablir les milieux ouverts et humides très insuffisants… quitte à débroussailler. “Il va juste falloir faire un peu de place pour faire passer des machines. Je voudrais sauver tous les arbres, mais certains ne résisteront pas”, s’inquiète alors Adeline Lefranc. “Un maximum d’arbrisseaux (plantes buissonnantes) est transplanté à travers un chantier participatif. Une étude de la flore et de la faune est menée en collaboration avec le syndicat de l’Orge pour éviter d’impacter tout autre enjeu écologique du site”, rassure Victor Dupuy. Au-delà des bénéfices écologiques, la restauration des mares permet aussi de sensibiliser le public. “Les habitants adorent généralement participer aux chantiers”, rapporte l’écologue. En se servant de l’art, Adeline imagine, quant à elle, transformer les moments de travaux ou d’entretien en festivités. Alors à vos mares, prêt.es, partez ! 

Images : le terrain d’Adeline Lefranc où des chantiers nature ont commencé.

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