Dans les cuisines du 20e arrondissement de Paris, les casseroles s’entrechoquent, les couteaux tranchent avec précision et les visages sont concentrés, déterminés. Ici, pas de candidat à Top chef. Bienvenue dans une école pas comme les autres, fondée par Thierry Marx. Depuis 2012, le chef étoilé y propose une formation gratuite, courte et intensive. Trois mois pour se relever, apprendre un métier et retrouver confiance. Trois mois pour repartir de zéro.
« Il faut faire pour apprendre », résume Thierry Marx. Dans les ateliers de Cuisine Mode d’Emploi(s), pas de longues heures derrière un bureau. 80 % de pratique et une immersion directe dans les gestes du métier. En onze semaines, les stagiaires – futurs cuisinier.es, boulanger.es, traiteurs ou serveur.ses – acquièrent des compétences solides, sanctionnées par un certificat reconnu par l’État. Aucun prérequis n’est demandé.
Bénéficiaires du RSA, personnes en situation de précarité, jeunes sans diplôme, ex-détenus: tous.tes les élèves partagent un besoin urgent de rebond. En face, les métiers de la restauration, eux, peinent à recruter. En 2024, près de 54 000 postes restaient vacants selon l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU). Cuisine Mode d’Emploi(s) fait le lien. Résultat, à Paris, plus de 2 000 personnes ont déjà été formées. Le taux de retour à l’emploi frôle les 90% et des dizaines d’entreprises partenaires jouent le jeu et recrutent parmi les anciens élèves.
Ce succès tient aussi à l’histoire de son fondateur. Né en 1959 dans le quartier populaire de Ménilmontant, Thierry Marx a connu une jeunesse mouvementée. « À l’école, j’étais un naufragé », confiait-il à France Inter. C’est chez les Compagnons du Devoir, en apprentissage de pâtisserie, qu’il trouve enfin sa voie. Une trajectoire qui façonne sa conviction que chacun mérite une seconde chance, pour peu qu’on lui tende la main.
Aujourd’hui, douze écoles ont essaimé en France, à Grigny, Marseille, Besançon, Dijon ou Clichy-sous-Bois. À chaque implantation, une spécialité adaptée au territoire : métiers de la mer à Marseille, à Clichy-sous-Bois, l’école offre une formation spécifique dédiée à la cuisine dite « nomade » ou « à emporter », adaptée aux nouvelles tendances de consommation. … Le fil conducteur reste le même : bienveillance, rigueur et transmission. L’initiative s’ouvre aussi aux milieux les plus fermés. En prison, des antennes sont créées pour former des détenus à la cuisine, avec l’espoir de préparer un avenir dès la sortie. « La cuisine, c’est du lien social qui permet d’accepter tout le monde autour d’une table », disait encore Marx sur France Inter. Car un diplôme ne dit pas tout. Un CV non plus. Mais une assiette bien dressée, elle, peut parfois ouvrir toutes les portes.
Pour en apprendre davantage voici le lien vers notre podcast : https://transonore.fr/cuisine-mode-demploi/
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