Après avoir laissé traîner nos oreilles au Paris Podcast Festival, placé cette année sous le signe de l'engagement, on a eu envie de partager avec vous quelques trouvailles sonores. D’autant qu’écouter régulièrement des podcasts contribuerait à renforcer la curiosité et le lien social. Ce n’est pas transonore qui va le contredire !

Dans le hall de la Gaîté lyrique, des journalistes audiophiles parcourent les thèmes des conférences, des bénévoles en t-shirts violets renseignent les visiteur•ice•s, et des auditeur•ice•s curieux se reposent sur des transats, casques audio sur la tête… Comme tous les ans en octobre, c’est le retour du Paris Podcast Festival.

Cette année, ce rendez-vous attendu de la création audio coexiste avec un nouvel arrivant: le PodParis, organisé par l’association BadGeek. Pas de rivalité, mais bien plutôt une émulation collective autour du sujet : pourquoi cet engouement autour du podcast et une telle nécessité d’en discuter ? 

Le podcast est au cœur de nos pratiques culturelles

Les chiffres sont éclairants : le baromètre 2024 du podcast “natif” (création originale destinée au streaming, par opposition au podcast replay), réalisé par l’Institut CSA et Havas Paris indique ainsi qu’une personne sur deux écoute des podcasts, et que 60% des Français•es écoutent des podcasts depuis moins d’un an. Le podcast s’ancre dans nos pratiques culturelles et continue de susciter et de nourrir notre curiosité. Plus intéressant encore, les auteurs de l’étude soulignent qu’il peut être un moteur significatif d’engagement : « Le podcast reste en 2024 le média social par excellence, qui suscite la réflexion et le débat et agit sur leurs convictions et perceptions. » 

C’est cette ambition qui anime le Paris Podcast Festival. Organisé depuis 2018 par l’association Les Écouteurs, il propose chaque année des conférences, enregistrements en public et tables-rondes autour de l’actualité du podcast français et francophone. Il fait notamment la part belle à la création indépendante, qu’il récompense à travers 6 catégories de prix. Et le thème de cette septième édition, “S’engager”, en résonance avec l’actualité et avec l’évolution des modes d’écoute, a infusé la programmation : “La politique dans les podcasts” avec Lucie Castets et Laurie Théron, “Podcast de lutte!” sur les podcasts engagés et les radios d’interventions, “Le temps de l’actu – Faut-il inscrire le consentement dans la loi ?”, etc. De quoi non seulement nourrir ses réflexions sur des questions de société mais aussi s’interroger sur le podcast comme moyen d’y répondre. 

“Podcast de lutte !”, photo du débat du 12/10/2024 au Paris Podcast Festival en partenariat avec la SCAM.

Qu’est-ce que le podcast a de si particulier ? A l’image de la presse ou de l’audiovisuel, il peut prendre la forme de documentaires, de talk-shows ou de fictions originales. Pourtant, en nous obligeant à nous mettre à l’écoute dans un monde où la vidéo fait loi, il engage un rapport plus intime à l’auditeur•ice et construit un lien de confiance avec le /la podcasteur•se. Une étude australo-américaine soulignait également en 2022 les potentiels bénéfices psychologiques individuels et interpersonnels de l’écoute de podcast.

Comme rappelé lors des débats sur “La politique dans les podcasts”, le podcast a ainsi permis un regain d’intérêt pour des faits de société comme le féminisme post me-too, avec la création des podcasts “La Poudre”, “Les Couilles sur la Table”, “Un podcast à soi” et consort. Il a également permis d’aller chercher les jeunes sur le terrain de l’information : l’un des premiers podcasts en France est celui de HugoDécrypte sur “Les actus du jour” !

Mais surtout, le podcast fait aujourd’hui entendre de nouvelles voix, ce que mentionnait l’équipe du Paris Podcast dans son édito en amont du festival : “Ils [les podcasts] sont la preuve joyeuse et créative que tout n’a pas déjà été fait ou pas déjà été dit, que le pire n’est jamais sûr et que la résignation n’est jamais la bonne solution.” 

Un outil démocratique

Et la bonne nouvelle, c’est que le podcast reste un média relativement accessible économiquement, en comparaison avec la presse et l’audiovisuel, d’après les intervenant.e.s de la table-ronde “Se former au podcast”. Il est possible de s’offrir des enregistreurs d’occasion à bas prix, d’apprendre le montage sur des logiciels gratuits, et il n’est pas nécessaire d’être journaliste pour diffuser son contenu sur les plateformes d’écoute. On peut également participer aux ateliers d’initiation à la prise de son de La Cassette à Pantin, et faire héberger son podcast en ligne avec l’association BadGeek ou encore les audioblogs d’Arte Radio

Alors que le projet loi de finances 2025 (PLF) prévoit une réduction de 30 % des fonds alloués au Fonds de soutien à l’expression radiophonique (FSER), soit une réduction de plus de 10 millions d’euros, faire entendre sa voix n’a jamais été aussi capital. Qu’il s’agisse des voix des militants contre les méga bassines sur la “Méga-Radio”, des personnes dans les zones d’attente des aéroports avec le podcast “Enfermé•es nulle part” ou des habitants des quartiers populaires de Seine-Saint-Denis avec les reportages de transonore… Pour paraphraser Thibaut de Saint-Meurice, président fondateur du Paris Podcast Festival, le podcast nourrit les oreilles autant que les consciences.

Quelques recommandations de podcasts engagés, nommés et/ou récompensés par le Paris Podcast Festival 2024 : 

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