« Enfin, nous nous sommes vus, nous étions là, notre territoire, le 9-3, était le centre du monde, au moins la banlieue du centre du monde » Voilà ce qu’ont pu se dire les habitants et les habitantes du département le plus jeune, le plus pauvre et le plus dynamique de France. Les 4 cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux Olympiques et des Jeux Paralympiques ont montré une France multifacettes mais cohérente dans son message ancestral. Liberté, égalité, fraternité. La modernité et le caractère artistique de ces démonstrations ont, certes, abouti à une surreprésentation des questions de genre mais, justemen,t il s’agissait de figurer l’avenir, la pente que l’on espère inéluctable vers une nouvelle étape de la liberté et l’autonomie individuelle. Telle était le message universaliste français, exprimé dans la plus pure tradition de la continuité révolutionnaire. L’universalisme n’est pas l’uniformité mais la diversité unie. Mais les visages, les couleurs, les cultures populaires, traditionnelles et urbaines voisinaient joyeusement dans une série de tableaux qui tranchaient avec l’idée généralement installée par la teneur sinistre du débat public qui hurle en permanence que nous serions archipélisés, divisés, irréconciliables. On pourrait nous rétorquer qu’Aya Nakamura dansant avec la Garde Républicaine est une scène onirique, un doux rêve qui ne représente pas la réalité des relations entre la jeunesse des quartiers et des forces de l’ordre. Certes, mais l’important, c’est que cette séquence ait arraché des larmes dans tous les segments (saufs chez les irréductibles réacs) de la société. C’est-à-dire que l’harmonie souhaitée par les Français dans leurs ensemble, Français de 100 générations comme Français de fraîches dates mais aussi les étrangers qui vivent en France, est possible. Cette harmonie, figurée par le contraste complémentaire entre les franges pailletées et sexy de la chanteuse et le plumeau désuet et sévère des militaires, entre deux mondes qui d’ordinaire se méfient l’un de l’autre, peut, si l’on s’en donne les moyens, exister aussi dans la vraie vie. Aya Nakamura reprenant le refrain d’un immigré arménien (Aznavour) devenu, comme elle, l’une des rares stars mondiales françaises, entourée de tout ce que la république fait de plus cérémonieux et officiel, voilà qui signe un manifeste identitaire fait de diversités et de classe.

Ce moment de vérité plus que de rêve doit maintenant se transformer en confiance et politiques publiques. La Seine-Saint-Denis et tous les quartiers populaires attendent de la société française dans son ensemble  qu’elle ne se dise pas après les JO : « Ce n’était qu’un Jeu… ».

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