Artothèque, bricothèque ou encore association de mise en commun de vaisselles: les initiatives fleurissent en Ile-de-France pour mettre en commun les objets du quotidien. Des solutions écologiques, économiques et conviviales à généraliser ?
Il y a les perceuses que tout le monde s’arrache et les agrafeuses murales qui ne trouvent presque jamais preneur. À la régie de quartier de Paris-centre, c’est comme une bibliothèque, sauf qu’ici, on emprunte des objets de bricolage.
Vis, marteaux, ponceuses… depuis 2017, les outils sont accessibles à tous les habitants du quartier contre une adhésion annuelle de 6€.« Il y a entre 5 et 10 emprunts par semaine, en priorité de la part des nouveaux habitants qui s’installent », explique Juliette, chargée de projet lien social, en constatant une demande toujours plus importante pour d’autres objets, comme les appareils à raclette par exemple.
Une façon de reprendre la main sur la production
Un besoin bien identifié par les associations franciliennes qui tentent de proposer un maximum d’objets à l’emprunt. L’inflation et la crise écologique incitent en effet les particuliers à réduire les achats importants. Que ce soit pour les outils, les appareils de cuisine sophistiqués ou les œuvres d’art ; tout ce que nous consommons de manière épisodique peut ainsi être collectivisé.
Un mouvement né aux États-Unis, où la première “outillothèque” aurait été créée par le Rotary Club en 1943. Depuis, des penseurs de l’écologie politique comme André Gorz préconisent la mise en commun des outils pour développer l’autoproduction et éviter de trop dépendre du marché. Le philosophe recommandait par exemple d’instaurer un service public de blanchisserie pour mutualiser les machines à laver.
Sans aller jusque-là, de nombreuses associations ont élargi la gamme d’objets à emprunter. À la demande des habitants, la régie de quartier du 19ᵉ arrondissement de Paris propose par exemple des outils de jardinage depuis l’année dernière. Avec l’association “l’Art à vous” à Montreuil (Seine-Saint-Denis), ce sont des œuvres d’art que les particuliers peuvent emprunter pour plusieurs mois pour renouveler leur déco intérieure sans se ruiner moyennant une adhésion de 30€ par an.
Une bibliothèque de vaisselles
Une initiative soutenue par le dernier budget participatif de la région Ile-de-France permet même désormais de mettre en commun un kit de vaisselle.
« Nous avons d’abord pensé cette offre pour permettre aux associations d’organiser des événements sans acheter de matériel », explique Delphine Drapeau, trésorière de l’association L’effet des faits, à l’origine du projet. Celle-ci propose une bibliothèque composée de verres à champagne, assiettes, couverts et barnums. « L’idée, c’est de limiter les déchets de vaisselle jetable et faire le maximum de petits gestes pour préserver la planète. » Que ce soit pour les grandes fêtes organisées par des particuliers ou des réunions de certains partis politiques, la démarche rencontre un grand succès. Toutes les semaines, un ensemble de vaisselle est emprunté à des prix abordables. « Plutôt que de garder dans nos garages, on essaie un maximum de louer », justifie Delphine Drapeau, en indiquant qu’il faut compter environ 25€ pour 100 flûtes de champagnes et 100 verres à vin. Une façon de mettre en commun des objets qui servent très peu.
Seule contribution demandée : un effort pour laver les outils ou ustensiles et un chèque de caution en cas d’accident. « Une manière de responsabiliser aussi les gens ». Une manière peut-être aussi de repenser nos consommations et le droit de propriété.
Likez, partagez, commentez
À consulter également

31 mars 2025 - Solidarité
La BOM met du baume au coeur
Par Aude Labelle

28 février 2025 - Alimentation durable
La Seine-Saint-Denis teste une carte contre la précarité alimentaire
Par Alban Leduc

4 mars 2025 - Alimentation
Comment faire reculer les déserts alimentaires ?
Par Alban Leduc
