À Nîmes, au collège Capouchiné, William Ajenjo enseigne les sciences comme on raconte une histoire : celle du vivant. Depuis plus de vingt ans, cet enseignant passionné fait du club sciences un terrain d’expérimentation où l’on apprend en faisant, en coopérant et en questionnant le monde. Entre mini-entreprise, projets écologiques et pédagogie active, il invite ses élèves à agir avec conscience.

« Ce qui me tient à cœur, c’est de transmettre aux élèves l’importance du lien entre les humains et les autres êtres vivants, respecter la nature dans son ensemble, jusqu’aux végétaux et champignons que l’on oublie souvent. ».

Depuis vingt-deux ans, William Ajenjo enseigne les Sciences de la Vie et de la Terre. Fidèle à lui-même, t-shirt décontracté et sourire bienveillant, il transmet ses connaissances depuis presque quinze ans au collège Capouchiné, un établissement REP au cœur de Nîmes, où il anime également le club sciences et accompagne les éco-délégué·es. Sans oublier son engagement dans la “mini-entreprise” du collège, un projet pédagogique qui fonctionne sur le modèle d’une entreprise et géré par les élèves. Longtemps accompagné par des collègues d’anglais, d’arts plastiques, et autrefois de technologie, il est aujourd’hui seul à porter ces projets, mais il continue d’y insuffler la même énergie. Pour proposer  aux collégien·nes une autre manière d’apprendre : par le projet, l’expérience et la co-construction.

Ce professeur passionné parle de son métier comme du « plus beau métier du monde ». Dès le début de ses études en biologie, il savait qu’il consacrerait sa vie à enseigner, transmettre et partager. D’abord à Orléans, puis à Aulnay-sous-Bois, il a finalement choisi de revenir à ses racines nîmoises. À Nîmes, William s’engage à changer le cycle des cours traditionnels. Pas question de laisser les élèves subir. C’est en faisant que l’on nourrit sa soif d’apprendre. En effet, « la pédagogie active est une des meilleures façons d’apprendre », insiste-t-il, convaincu que la motivation se construit principalement lorsqu’on comprend le sens de ce que l’on fait.

Qu’il s’agisse du club, des éco-délégué·es ou de la mini-entreprise, les projets foisonnent chaque année et allient transition écologique, sociale et solidaire. Avec lui, les élèves ont, par exemple, conçu un four à biochar –une sorte de charbon végétal obtenu par pyrolyse de la biomasse–, approché la théorie de l’effondrement de la biodiversité ou encore animé une « fresque du climat » pour leurs camarades. Ils et elles se sont également initié·es au théâtre forum pour comprendre et agir face aux situations de harcèlement. Leur prochain défi : recycler les papiers et les déchets alimentaires de la cantine grâce à une collaboration inédite avec Bokaworm, une filiale de Royal Canin, afin de produire du lombricompost utilisable en agriculture biologique.

En mélangeant tous les niveaux, de la 6e à la 3e, il a fait du club et de la mini-entreprise un laboratoire d’idées, où élèves et professeur·es apprennent les un·es des autres. Ici, on expérimente et on réfléchit ensemble, en classe ou dans la cour du collège. 

Grâce à leurs projets, William Ajenjo et les élèves contribuent à changer l’image de l’établissement : « Trop souvent, les regards extérieurs se limitent aux difficultés d’un collège classé REP. Or, nos élèves mènent des projets ambitieux, innovants, qui prouvent leur créativité et leur motivation. » Des initiatives qui donnent une visibilité différente, parfois relayées par la presse locale ou récompensées dans des concours académiques et nationaux.

Au-delà des réussites, ce qui marque le plus le professeur, ce sont les liens construits avec ses élèves. Certain·es gardent contact longtemps après avoir quitté le collège, d’autres reviennent même participer aux nouveaux projets. Il en tire une reconnaissance précieuse : « Cela montre que les projets qu’on a menés ensemble ont eu un impact sur leur vie, même si, à la fin, leur orientation n’a rien à voir avec l’écologie. J’ai alors le sentiment d’avoir fait ce que j’avais à faire, d’avoir accompli mon rôle. »

S’il devait passer un message à ses élèves, ce serait celui de l’espoir : « On croit souvent que tout est déjà joué face aux crises écologiques et sociales. Mais si chacun·e contribue, même à petite échelle, on peut changer les choses ». Et aux enseignant·es qui hésitent à sortir du cadre, il conseille d’oser le détour par les projets, les clubs, etc … Avec un sourire timide mais sincère, il l’admet presque comme une confidence : « C’est une bouffée d’air. Sans ces projets, j’aurais sans doute eu du mal à durer dans ce métier. »

Toujours en short et en t-shirt, quelque soit la saison, William Ajenjo revendique une relation horizontale avec ses élèves. Il ne veut pas être le professeur qui reste à côté du tableau, mais celui qui apprend à leurs côtés, persuadé que la connaissance se construit ensemble. Derrière son travail quotidien, un objectif simple : former des jeunes capables d’agir dans le monde avec conscience et respect, pour les autres et pour la planète.

article écrit par Camille Xiong avec l’aide de Laure Watrin

À consulter également