Voilà dix-sept ans que le mois de novembre est l’occasion de mettre en lumière les acteurs et les actrices de l’Économie Sociale et Solidaire, grâce au mois de l’ESS. Des événements partout en France pour valoriser celles et ceux qui s’engagent pour changer le monde.
Cette année, un autre anniversaire vient s’inviter à la fête. Cette année, on souffle la 10e bougie d’un texte fondateur.
En 2014, la loi Hamon a en effet offert à l’ESS une reconnaissance juridique et la possibilité de bénéficier de soutiens financiers, de dispositifs d’accompagnement ainsi que de nouveaux outils pour se développer. En 2022, on comptait 2,6 millions d’emplois dans l’ESS en France. Mais c’est surtout pour les quartiers populaires que cette loi a été un tremplin économique. Dans les quartiers prioritaires, l’ESS représente désormais 17% de l’emploi total et plus du quart des emplois privés (contre 13,6 % en France), dont les ⅔ occupés par des femmes. Ce modèle a permis à de nombreuses initiatives locales de voir le jour, créant non seulement des emplois mais aussi des lieux de partage et un empouvoirement des habitantes et des habitants.
Mais savez-vous vraiment ce qu’est l’ESS ? C’est au XIXᵉ siècle, avec l’industrialisation et l’accentuation des inégalités, que naissent les premières structures coopératives et mutualistes. Derrière cet acronyme se cachent aujourd’hui des entreprises dont l’activité économique repose sur des valeurs et des principes d’utilité sociale, de gouvernance démocratique et d’absence de lucrativité (ou de lucrativité limitée). Une volonté de faire de l’économie un vecteur de solidarité et d’inclusion, en réponse aux lacunes et aux excès du modèle capitaliste classique. Associations (pour la grande majorité), coopératives, mutuelles, fondations ou mêmes entreprises sociales, sont autant de structures qui replacent l’humain au cœur de leur mission.
Les quartiers populaires, par exemple dans les communes d’Est Ensemble, regorgent de structures de l’ESS. Elles sont devenues des actrices majeures des dynamiques économiques locales, en s’attaquant à des problématiques telles que la précarité, l’accès aux services ou encore l’insertion professionnelle. Elles permettent, par exemple, à des jeunes en difficulté d’intégrer des projets locaux ou à des familles de bénéficier de services à des prix abordables. Ces structures représentent une multitude de secteurs d’activités (l’action sociale, le sport, les loisirs, les arts et les spectacles, les activités financières et d’assurance, et l’enseignement) multitude de secteurs d’activités et ne sont pas motivées par le profit mais bien par la recherche d’un impact social.
Pourtant, de nombreuses activités liées à l’ESS risquent d’être directement touchées par les coupes budgétaires souhaitées par le gouvernement pour 2025. Le projet de loi de finances, qui prévoit 60 milliards d’économies pour l’année prochaine, pourrait signifier 8,3 milliards d’euros en moins pour ces structures, selon ESS France. Des structures comme Le réseau Vrac, la Cantine du Pas si Loin ou encore les Fleurs d’Halage en Seine-Saint-Denis, risquent de voir leurs budgets réduits. Pourtant essentielles au dynamisme et à la revitalisation des quartiers populaires, elles sont souvent mal identifiées et perçues de façon négative par certains décideurs qui préfèrent les passer au second plan, au profit des grosses entreprises du CAC 40. Joyeux anniversaire.
PS : Si vous voulez découvrir des structures de l’ESS qui embauchent, Est Ensemble organise un forum pour l’emploi jeudi 14 novembre à partir de 9h30 à la Chambre des métiers et de l’artisanat de Seine-Saint-Denis à Bobigny.
Aude Labelle