Oubliez les files d’attente interminable et la honte d’être jugé.e, l’association COP1 inaugure une nouvelle forme de restaurant solidaire au concept feutré. transonore est allée tester le menu à 3€.

Des lumières chaleureuses, une cuisine ouverte et des plats dignes d’un restaurant gastro ; Cop1ne ne ressemble pas à l’idée qu’on peut se faire d’une cantine solidaire. Et pourtant, depuis mi-octobre, ce nouveau lieu du 14ᵉ arrondissement de Paris propose tous les soirs aux plus précaires des repas complets moins chers qu’au restaurant universitaire. 

Ici, pour 3 €, les jeunes de moins de 26 ans bénéficient d’une entrée-plat ou d’un plat-dessert, cuisinés à base de produits frais et de saison. Une formule imbattable pour Mathilde, habitante du quartier, qui avoue déjà s’y rendre près de trois fois par semaine : « J’emmène mes collègues, mes amis, la famille, parce que le lieu est hyper accueillant. » 

Le restaurant se démarque en effet des autres lieux de solidarité par son ouverture. On y trouve aussi bien des personnes âgées que des jeunes étudiants, des cadres supérieurs ou des gens de passage. Avec des tarifs plus importants (entre 10 et 14 €) pour les clients classiques, le restaurant finance les repas des plus précaires. “Un système à l’équilibre avec lequel nous espérons garantir trois quarts de repas bon marché pour un quart de menus à 10 €”, explique Jade El Ayadi Gaouaou, responsable du lieu. La mairie de Paris finance le reste, en prenant en charge les locaux et les produits issus des coopératives biologiques d’Ile-de-France.

Une aide “par et pour les étudiants”

Avec près de 50 couverts par soir, l’initiative est déjà un succès et prévoit de proposer très bientôt des repas le midi. L’idée n’est pas de concurrencer le Crous, mais de pallier les insuffisances de l’État, “Il y a près de 25 restaurants universitaires sur Paris, mais un seul est ouvert le soir. Alors que le 14ᵉ arrondissement est celui qui compte le plus d’étudiants, il existe très peu de solutions de restauration”, explique Jade, également coprésidente de l’association COP1, engagée contre la précarité alimentaire des jeunes depuis la crise sanitaire liée à la Covid-19. C’est à travers ce réseau, maintenant déployé dans toute la France, que le restaurant solidaire a pu prendre ses quartiers dans une ancienne épicerie sociale. Comme pour les autres actions de l’association, le principe est de proposer une aide “par et pour les étudiants”, en dehors des campus universitaires, afin de préserver la vie privée des bénéficiaires et de rester accessibles à tous.tes. 

“Il y a ici beaucoup de jeunes qui font des  études de santé et dont lesrémunérations de stage sont moins importantes ou des jeunes originaires des Outre-mers qui peuvent avoir plus de difficultés”, observe Jade El Ayadi Gaouaou. Le dernier baromètre réalisé avec l’IFOP à la rentrée faisait état d’une situation aggravée. Près de la moitié des étudiant.es qui travaillent en parallèle de leurs études (47%) déclarent sauter souvent ou de temps en temps un repas par manque d’argent. Bien que les restaurants universitaires offrent une solution potentielle à cette précarité alimentaire, seuls 54% des étudiants les fréquentent régulièrement, notamment à cause de l’éloignement géographique (23%). 

Une façon de découvrir la cuisine et des légumes insoupçonnés

“Le Crous est super loin”, confirme Mehdi. Attablé en claquettes, chaussettes et jogging, cet étudiant n’a désormais plus qu’à descendre quelques étages pour venir profiter d’un repas complet à bas prix. “C’est super rentable et en plus, je peux manger des légumes que je ne cuisine jamais.” Son voisin Hichem se réjouit quant à lui de pouvoir prendre les repas à emporter, pour filer à son boulot de nuit.

Dans les cuisines, Suzanne, étudiante en service civique, vient, quant à elle, de l’autre bout de Paris. “Je ne suis pas particulièrement forte en cuisine, mais j’avais envie de m’engager pour une activité conviviale”, explique-t-elle en dressant les assiettes. Comme elle, trois à quatre jeunes donnent chaque soir bénévolement de leur temps pour aider Kany, la cheffe, à réaliser les plats. “Tout le monde a envie d’apprendre à cuisiner, donc c’est plutôt fluide”, se réjouit-elle. 

Au menu ce soir-là, soupe de potimarron, flan de blettes et de courgettes et gâteau au chocolat. “Excellent”, félicite Virginie après le service. Venue profiter du repas avec son fils, elle craint néanmoins de devoir cuisiner à nouveau en rentrant à la maison. “Je suis un viandard”, se justifie en souriant son fils Xavier, qui regrette l’offre 100% végétarienne du restaurant. Il repartira néanmoins en reconnaissant avoir “adoré le potimarron et découvert de la nourriture qu’il n’a pas l’habitude de manger”. Une première petite victoire pour le restaurant Cop1ne, qui devrait en connaître d’autres. 

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