Alors que les athlètes du monde entier se sont réunis à Paris pour les Jeux Olympiques, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) nous invite à se dépenser et partir à la découverte du patrimoine naturel francilien. Transonore a chaussé ses baskets pour déchiffrer la biodiversité de Montreuil.

Un faucon et la tour Eiffel en fond. Même Sylvain Clède, créateur du circuit Sport et nature de Montreuil, n’en revient pas. Tenue de sport et jumelles vissées sur les yeux, il répète en boucle : « incroyable un couple de faucons crécerelle, on a de la chance ». Observer la nature et courir en même temps, voilà le drôle de programme de la Ligue de protection des Oiseaux (LPO), qui s’est alliée cette année avec le Comité des Jeux Olympiques. Sur une carte disponible en ligne, l’initiative propose près de 50 parcours à travers la France pour apprendre à mieux connaître les richesses de la nature à pied, en courant, à vélo, en vol ou encore en kayak.

Observer les goélands en Bretagne, des lézards à Lille ou des mollusques à Montpellier :  il y en a pour tous les goûts. Au parc des Beaumonts, en Seine-Saint-Denis, il s’agit plutôt d’observer les oiseaux. Merle, pinson des arbres, fauvette à tête noire… si on ne croise pas tous les jours l’oiseau rare, la rencontre avec le vivant est toujours un évènement, à condition qu’on prenne le temps. « Aucune espèce n’est à négliger », aime à rappeler Sylvain Clède, en ajoutant : « Mon combat, c’est de sensibiliser les gens à mieux considérer le pigeon ». En montrant la prairie préservée du parc, il détaille les différences entre le pigeon ramier (le plus gros), le pigeon colombin (avec un bec orange et des yeux noirs) et le pigeon biset (le gris des villes). 

Courir et découvrir

À chaque arrêt renseigné sur l’itinéraire en ligne, des espèces ou paysages à observer et des anecdotes liées. « L’objectif de ces parcours est de faire découvrir la faune et la flore de son environnement proche », détaille Sylvain, en racontant avoir vu des corneilles lancer des noix depuis les arbres pour les briser.

Oui, mais alors pourquoi courir en même temps ? Favorisée par le contexte olympique, cette touche sportive est censée attirer les adeptes de plus en plus nombreux de la course à pied. Les sportifs occasionnels ou confirmés constituent ainsi la majorité des participants aux excursions organisées. Le parcours de quatre kilomètres, réalisé en une heure et demie, se veut accessible à tous. « On peut faire 500 mètres en 20 minutes et revenir plusieurs fois à un endroit s’il y a beaucoup d’oiseaux à observer », précise le bénévole de la LPO. L’objectif, c’est aussi d’apprécier la nature sans avoir besoin de lever la tête, en écoutant seulement les bruits et chants d’oiseaux.

Du sport écologique

Nourrissage des petits, individus plus ou moins farouches et conditions météorologiques changeantes, Sylvain Clède l’assure : “on ne se lasse jamais de ces courses d’observation.” En bonus, la pratique se veut respectueuse de l’environnement. À chaque début de session, il rappelle aux participants de ne pas déranger les espèces et de les observer de loin, grâce à des petites jumelles que l’on peut transporter en courant. « Après, on ne peut jamais faire du zéro dérangement », nuance tout de même le guide. « On a un iPhone, des chaussures de courses en plastique, il faut juste se rappeler qu’ils ont leur place et qu’on a la nôtre. » 

Quand on évoque les perruches, honnies par les promeneurs pour leurs jacassements, Sylvain s’agace. « Si c’est simplement le bruit le problème, alors il faudrait surtout nous en vouloir à nous ! », exprime-t-il, en regrettant que les travaux bruyants, menés au même moment dans le parc, ont été réalisés sans consultation de la LPO.

L’apprentissage par l’exemple

Le parcours proposé par Sylvain et l’association de défense des oiseaux est aujourd’hui peu connu. La plupart des participants sont déjà sensibilisés à la protection de l’environnement et peine à convaincre les habitants des alentours. Faut-il alors poser des panneaux dans le parc pour inviter les promeneurs à tendre l’oreille ? “Ça ne marche pas vraiment”, balaie Sylvain, en indiquant que les affiches “pêche interdite” du parc voisin n’ont pas de réel impact. Non, selon lui, le plus efficace reste de montrer l’exemple. En nous voyant, les jumelles fixées sur les yeux, les promeneurs viennent à notre rencontre, intrigués. Ce jour-là, Petru, un habitué du parc, avoue ne jamais avoir pris le temps d’observer les espèces qui le peuplent. Il assure que dorénavant, il fera attention. Marcher, courir et lever la tête pour observer la nature, qui sait, la discipline sera peut-être bientôt présente aux JO.

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